Rendez-vous à Lyon du 25 au 27 novembre 2024 Violences de genre dans l’enseignement supérieur et la recherche en Europe. Culture institutionnelle et approche intersectionnelle :
La lutte contre les violences de genre, le harcèlement, et contre tous types de discriminations dans l’enseignement supérieur constitue une nécessité institutionnelle, portée par un engagement politique sans précédent à l’échelle européenne, engagement cadré par la convention d’Istanbul sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes (2011). Celle-ci se base sur l’idée que ces violences sont des violences de genre, c’est-à-dire qu’elles surviennent en raison du genre des personnes qui les subissent, ou de leur sexualité. La convention d’Istanbul a ainsi formalisé la mise en place d’un cadre protecteur autour de quatre “P”: Prévention, Protection, Poursuite, Politiques concertées. Elle rappelle aussi que les femmes ne sont pas les seules victimes de ces violences et encourage à étendre le cadre protecteur à toutes les personnes exposées à la violence. `Les gouvernements et leurs institutions se mobilisent pour mettre en œuvre ce cadre. Par ailleurs, l’inertie des institutions a été bousculée par les revendications pour un changement rapide portées depuis 2017 par le mouvement #MeToo. Ce mouvement déclenche une vaste prise de conscience de la réalité des violences de genre dans tous les domaines. Ses effets se traduisent par une demande pour un profond changement culturel et la pression pour l’accélération des changements, notamment dans l’enseignement supérieur.
À la fin de l’année 2017 en France, le 4 décembre, s’est tenu à l’Université Paris-Diderot le colloque international “Violences sexistes et sexuelles dans l’Enseignement Supérieur et la Recherche”. Lors du colloque, la ministre de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l’Innovation de l’époque avait demandé aux universités de créer un dispositif de signalement pour les faits de violence et de harcèlement sexuels. À l'issue de la conférence, quatre groupes de travail ont été créés, rassemblant les actrices et les acteurs de l’égalité dans les sciences et les universités. Sensibilisation: L'un d’entre eux a produit une campagne de sensibilisation à l'intention des étudiants et du personnel; Écoute, Signalement et accompagnement: un autre a élaboré des recommandations pour concevoir et réaliser des recherches spécifiques sur les violences sexistes et sexuelles ; Enquête: le troisième a conçu un guide d’accompagnement pour aider les universités, les écoles et les instituts à concevoir et à mettre en œuvre des dispositifs d’écoute et de de signalement; Formation: enfin, le dernier groupe de travail a créé un vaste programme de formation sur les violences sexuelles et sexistes à destination des établissements, animé par un réseau de formatrices et de formateurs spécialisés, VSS-Formation.
Identifier la prévalence des violences, sensibiliser, accompagner, former… en six ans, nous sommes passés d’actions épisodiques et ponctuelles, disséminées, à: – l’articulation de programmes de formation cohérents et adaptés aux spécificités des établissements, – la multiplication des actions de sensibilisation et des publics qu’elles touchent, – la structuration de dispositifs d’écoute, – la coordination entre les actrices et les acteurs, les organisations, les institutions, les associations…
La vigilance collective n’a jamais été aussi forte. Les attentes exprimées n’ont jamais été aussi solides et étayées. Les réponses apportées n’ont jamais été aussi scrutées et commentées.
A l’échelle européenne, la Commission européenne a impulsé l’Espace européen de la recherche (EER), qui invite à la conception et à la mise en œuvre de plans d’actions pour l’égalité intégrant un axe sur la lutte contre les violences de genre dans l’enseignement supérieur. Ces plans d’action ont été rendus obligatoires en France en 2021. Depuis, les établissements d’enseignement supérieurs qui étaient dépourvus, ont créé une cellule d’écoute et un dispositif de signalement (enquête REMEDE, 2023). Lors de sa conférence finale (Namur, novembre 2023), le projet UniSAFE a présenté de nombreuses pistes pour mettre fin aux violences basées sur le genre dans l'enseignement supérieur, en formalisant un cadre protecteur inspiré des 4P de la convention d’Istanbul mais propre à l’enseignement supérieur (the 7P framework) et constitué de sept axes articulés: Politique, Prévalence, Prévention, Protection, Poursuites (et mesures disciplinaires internes), Prestation de services et Partenariats.
Nous sommes aujourd’hui à un tournant. Les prises de conscience ont eu lieu. Des données régulières sont produites sur les violences sexistes et sexuelles comme sur les discriminations. Les organisations de l’enseignement supérieur sont sommées d'œuvrer à leur prévention et au traitement des faits de violence dont elles ont connaissance.
Quel est l’état de la structuration des politiques de prévention et de lutte contre les violences? Quels en sont les effets? Comment sont-elles mises en œuvre? Comment se font la prévention et la formation? Comment sont organisés les dispositifs d’écoute? Quel est leur périmètre? Comment s’opère la chaîne de signalement des faits de violence, de harcèlement et de discriminations? Comment, une fois connus, ces faits sont-ils traités par les établissements d’enseignement supérieur? Et comment sont-ils connus, par quels mécanismes d’observation ou de recueil? Comment se fait la communication… sur ce qui se fait, sur ce qui existe? Comment se construit la confiance dans les dispositifs d’écoute? Quels moyens humains et financiers sont dédiés à ces questions pour lesquelles l’élévation du seuil de sensibilité génère de plus grandes attentes et de plus grandes exigences, tant de la part de la communauté étudiante que des personnels?
Pour répondre à ces questions, la CPED organise une conférence internationale, à Lyon, du 25 au 26 novembre 2024, en partenariat avec le réseau européen produit par la COST Action VOICES. Créée en 2011, laCPED rassemble les chargé·es de mission égalité-diversité nommé·es dans les établissements de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche (ESR) français. Elle assure un rôle fédérateur et transversal visant à promouvoir et favoriser l’égalité et la diversité dans l’ESR, raison pour laquelle elle exerce une veille et propose une expertise globale sur l’égalité et la diversité incluant une expertise spécifique sur les violences sexuelles et sexistes. Ce double niveau d’expertise est reconnu par les partenaires institutionnels et associatifs. Le réseau de la Cost Action VOICES vise à rendre visible les inégalités vécues par les jeunes chercheurs et chercheuses dans une perspective de genre. Son groupe de travail numéro quatre est spécifiquement consacré à l’analyse des violences de genre, du harcèlement sexuel en lien avec la culture institutionnelle de l’enseignement supérieur. Les enjeux d’un travail en commun sont assez clairs. Il s'agit de bénéficier de nos compétences collectives acquises à l'échelle européenne et de partager non seulement nos savoirs mais aussi nos expériences dans la gestion de la prévention, de la mise en œuvre et du suivi des signalements de violences et de discriminations, la réalisation des procédures administratives, la manière dont nous avons structuré nos universités, nos instituts, nos écoles et nos laboratoires, la manière dont nous avons tissé des liens avec les partenaires associatifs, les institutions de police et de justice, les pouvoirs publics, etc.
Pour cela, l'animation d'un réseau professionnel de spécialistes s’impose à l’échelle européenne. Cette conférence y contribuera, à partir d’un triple croisement, entre ce que l'on sait et ce que l'on fait, ce qui se fait ici et ce qui se fait ailleurs, ce qui se conçoit (aux plans européen, national, local et d'un établissement) et ce qui se met en œuvre.
L’idée est de faire de ce colloque le point de départ à un réseau de chercheurs et de chercheuses, d'acteurs et d'actrices de l'égalité et de la lutte contre les violences et les discriminations dans l’Enseignement Supérieur et la Recherche à l’échelle européenne.
Il s’agira pour cela de concevoir une conférence qui hybridera :
L’appel à communication ouvert à la communauté scientifique et aux personnes en charge de la prévention des violences sera mis en ligne le 15 juillet 2024.
L’événement se tiendra, à l'Université de Lyon,
92, rue Pasteur, Lyon 7è, France
du 25 au 27 novembre 2024, en français et en anglais.
pour le comité d’organisation, Philippe Liotard*, Elif Kaya** * ensiegnatn-chercheur, Université claude Bernard Lyon1, Membre d’honneur de la CPED et pilote du Groupe de travail “Gender Based Violence in Higher Education” de VOICES ** enseignante chercheuse, Université de Kilis, Turquie, et pilote du Groupe de travail “Gender Based Violence in Higher Education” de VOICES ----- Violences de genre dans l’enseignement supérieur et la recherche en Europe. Savoirs. Politiques. Mise en œuvre.
Colloque européen, Université de Lyon, 25-26-27 novembre 2024
En 2017 l’impulsion internationale du mouvement #metoo déclenche une vague de prises de de parole, de prises de conscience et de prises de décision quant à la réalité des violences sexuelles dans tous les domaines de la vie sociale. À la fin de la même année, le colloque « Violences sexistes et sexuelles dans l’enseignement supérieur et la recherche : de la prise de conscience à la prise en charge » organisé à l’Université Paris 7 Diderot a permis d’enclencher en France, à l’échelle nationale un ensemble d’actions concertées : une campagne de sensibilisation, un guide méthodologique pour la recherche sur les violences sexistes et sexuelles, un second guide pour accompagner les établissements dans la structuration de dispositifs d’écoute et de signalement des faits de violences liées au genre et, enfin, de concevoir et de dispenser – de manière coordonnée et pérenne – des actions de formation. Depuis, la loi de transformation de la fonction publique (2019) a imposé en France « l’obligation pour l’ensemble des administrations de mettre en place un dispositif de signalement et de traitement des actes de violence, de discrimination, de harcèlement moral ou sexuel et des agissements sexistes » et de l’intégrer dans les plans d’action pour l’égalité professionnelle. En mars 2021, les universités et les écoles remettaient leur premier plan d’action au ministère de l’Enseignement supérieur. Les établissements qui ne disposaient pas de dispositifs d’écoute, d’accompagnement et de signalement des faits de violence et de discrimination en ont créé depuis. Les autres ont travaillé à renforcer les leurs. Par ailleurs, le décret n° 2020-256 du 13 mars 2020fixe le périmètre de ces dispositifs au recueildes actes de violence, de discrimination, de harcèlement moral ou sexuel et des agissements sexistes. Les enjeux de la protection des personnes s’étendent donc au-delà des violences de genre et concernent tous les critères de discrimination ainsi que le harcèlement moral. À l’échelle de l’Europe la stratégie en faveur de l’égalité entre les hommes et les femmes 2020-2025 inclue la prévention des violences faites aux femmes et invite les institutions à inscrire leurs politiques dans une perspective intersectionnelle. Selon cette stratégie, la violence sexiste (aussi appelée violence fondée sur le genre) est explicitement nommée et considérée comme « l’un des plus grands problèmes de nos sociétés […] profondément ancrée dans les inégalités entre les hommes et les femmes » (Stratégie en faveur de l’égalité entre les hommes et les femmes 2020-2025). L’enseignement supérieur n’y échappe pas. Dans son document thématique L'égalité des sexes dans et à travers l’éducation, la direction générale de l’éducation, de la jeunesse, du sport et de la culture de la commission européenne situe les violences de genre et l’intersectionnalité comme des concepts clés. Elle rappelle dans ce même document que les violences de genre dans l’enseignement se répartissent selon un continuum allant des blagues et des propos sexistes jusqu’aux violences physiques, en passant par la moquerie, l’intimidation, l’insulte ou le harcèlement (y compris en ligne). Le peu d’incidents rapportés par rapport aux autorités compétentes constitue un indicateur de la difficulté pour les institutions de se positionner en ressources pour les personnes les ayant subis. Sept ans après #MeToo et sept ans après ce colloque, il est temps de faire un bilan. D’abord, au plan des données disponibles. Que sait-on ? Quelles données ont eté produites depuis, et comment ces données contribuent-elles à l’élévation du niveau de compréhension des mécanismes générateurs de violences et de discriminations ? Comment l’enseignement supérieur a-t-il été constitué en terrain d’études pour les chercheuses et les chercheurs travaillant tant sur les violences de genre que sur les discriminations ou le harcèlement ? Quelles sont les spécificités de l’enseignement supérieur ? Qu’ont apporté les approches intersectionnelles à la compréhension des violences de genre ? Malgré des avancées à l’échelle européenne, les violences de genre demeurent en effet une problématique majeure dans l’enseignement supérieur, affectant profondément la santé, le bien-être et les trajectoires académiques des étudiants et des personnels. Despite some numerous data, the prevalence of the problems tends to be dramatically underestimated and incorrectly identified by authorities. Les violences de genre, bien que souvent invisibles, sont endémiques dans les institutions d’enseignement supérieur et nécessitent une réponse coordonnée et systématique. Mais ces violences de genre ne se manifestent pas uniformément ; elles touchent de manière différencié les personnes selon le niveau d’étude, le type de filière et de culture institutionnelle, l’origine sociale ou ethnique, le handicap, l’orientation sexuelle et bien entendu le genre. L’enquête UniSafe (2023) note notamment que les groupes minoritaires sont plus enclins à déclarer des violences. Les personnes ayant répondu à l’enquête qui se déclarent appartenir à une minorité ethnique, sexuelle ou de genre, ou vivre avec un handicap sont beaucoup plus nombreuses à avoir vécu l’expérience d’une violence sexiste ou sexuelle. Une approche intersectionnelle semble ainsi nécessaire pour accroître la compréhension de la manière dont ces violences affectent différemment les divers groupes au sein des communautés universitaires. Par exemple, les personnes LGBTI, en situation de handicap ou de migration sont exposées à des taux plus élevés de violences de genre et à des formes spécifiques de discrimination, soulignant la nécessité de concevoir des politiques inclusives et la mise en œuvre de plans d’action, de prévention et de formation ciblés. Pour faire face aux réalités multiples des violences et des discriminations, la question se pose de comprendre pour agir, c’est-à-dire de concevoir, déployer et mettre en œuvre des politiques de prévention, de protection, et de poursuite efficaces, tout en assurant une formation appropriée et en renforçant les dispositifs de signalement. Les cadres internationaux, tels que la Convention d'Istanbul – et ses quatre piliers (les 4 P : Politiques concertées, Prévention, Protection, Poursuite) – fournissent des directives précieuses pour aider les États à structurer leurs efforts. L’application de ces politiques (européenne et nationales) doit être adaptée au contexte spécifique de chaque institution. Pour l’enseignement supérieur, les recommandations du projet uniSAFE (novembre 2023) s’appuient elles aussi sur 7 piliers, développés dans son cadre d’action en 7P (7P Framework) ajoutant aux quatre piliers de la convention d’Istanbul, la question de la mesure de la Prévalence des violences, celle des Partenariats et celle des Prestations de service. Objectifs du Colloque La lutte contre les violences de genre dans l'enseignement supérieur est donc essentielle pour créer un environnement académique sécurisé et égalitaire. Ce colloque rassemblera des contributions portant sur les différentes dimensions des violences de genre en s'appuyant sur les connaissances actuelles, les politiques existantes, et les mises en œuvre pratiques. L’objectif est de promouvoir une approche intégrée et efficace contre ces violences. Dans cette perspective, le colloque vise à explorer et à répondre à trois questions essentielles concernant les violences de genre dans l’enseignement supérieur :
Il s’agira de partager les données les plus récentes afin de saisir les dynamiques spécifiques des violences de genre dans l’enseignement supérieur ; d’affiner les données sur la prévalence des violences ; de contribuer au croisement des sources ; de mieux saisir les spécificités liées aux différents contextes de l’enseignement supérieur ; d’identifier les contextes de vulnérabilité…
Ce volet contribuera à analyser et comparer les politiques internationales, européennes et locales en matière de lutte contre les violences de genre, saisir leur dynamique et leurs effets, leurs points aveugles et leurs effets pervers, à confronter les évaluations, à identifier les préconisations.
Il s’agira là de
Types de Contributions et Formats Trois types de communications sont ainsi acceptées :
Thématiques abordées : Une attention particulière sera apportée aux propositions qui intègrent une approche intersectionnelle. Les propositions qui intègrent un questionnement épistémologique ou méthodologique sont également bienvenues. Les approches qualitatives ou quantitatives sont acceptées.
2. Communications sur les Politiques de Lutte contre les Violences de Genre Thématiques abordées :
3. Communications sur les Mises en Œuvre Thématiques abordées : La présentation des thématiques est faite de manière analytique. Mais il est cependant possible de présenter des communications qui mettent en avant des mises en œuvre complètes ou exposent l’ensemble de la chaîne depuis le signalement jusqu’aux procédures disciplinaires, en passant par l’accompagnement ou l’orientation des personnes par exemple. Ces mises en œuvre concrètes peuvent aussi mettre en évidence des partenariats, des conventions, exposer ce qui marche comme ce qui bloque et comment sont levés les blocages s’ils le sont. Les communications qui intègrent la question des temporalités (institutionnelle, panale, procédurale, collective, personnel…) comme celle de la pluralité des actrices et des acteurs sont les bienvenues. De même, les propositions qui travaillent à la complémentarité des approches et à la prise en compte de publics, de contextes ou de périodes spécifiques sont opportunes.
---------- Soumission des Propositions Les propositions de communications doivent 1) choisir le domaine pour lequel elles sont proposées : 2) Elles se font en respectant le format suivant :
Format des propositions :
Évaluation des Propositions Les propositions seront évaluées par un comité de sélection selon les critères suivants :
Date limite de soumission : 27 septembre 2024 (GPS: 45.74850 - 4.83659)
Adresse de soumission : gbvihedlyon2024 (at) sciencesconf.org Les propositions doivent aussi être déposée sur le site (rubrique "mes dépôts", Déposer un résumé
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